L'Afrique peut-elle être compétitive?

La compétitivité de l'Afrique, notamment de la zone franc, a suscité, depuis une quinzaine d'années, une surabondance de définitions, d'indicateurs, d'observations, de monographies et d'évaluations macro-économiques. Claire Mainguy, qui en avait fait l'inventaire dans sa thèse, présente aujourd'hui un guide pour ne pas se perdre dans ce foisonnement et construire une grille d'interprétation de l'histoire de la compétitivité africaine et une synthèse comparative sur les compétitivités sectorielles. La grille d'évaluation de la compétitivité est construite à partir d'une classification des définitions qui a pour but non de ranimer des débats doctrinaux obsolètes mais de donner un vocabulaire assez précis pour différencier les composantes de la compétitivité. Grâce à cette discussion terminologique, l'histoire de la compétitivité africaine peut même être analysée comme une suite d'interactions entre ces différentes composantes: c'est faute d'avoir su construire une « compétitivité structurée» (adaptation de son offre à l'évolution de la demande mondiale) que l'Afrique a vu éroder par l'Asie sa «compétitivité révélée» (part de marché) et diminuer sa «compétitivité globale» (taux de couverture des importations). Simultanément la perte de « compétitivité prix» de ses exportations traditionnelles (hausse relative du rapport entre prix de revient et prix mondiaux) et la taxation des filières d'exportation ont réduit leur rentabilité au point que l'offre des ACP n'a pas été suffisante pour satisfaire les marchés bénéficiant des préférences commerciales européennes (devenues insuffisantes ce qui ne veut pas dire inutiles). Même la compétitivité sur le marché interne africain a été réduite par la réduction officielle des protections et leurs contournements informels. Et les compétitivités relatives ont été rendues très instables par des dépréciations volontairement ou involontairement compétitives et par l'instabilité des politiques économiques et les très fortes instabilités de leurs disparités.