Making music, making money: informal musical production and performance in Venda, South Africa
Making music, making money: informal musical production and performance in Venda, South Africa
Cet article présente une analyse ethnographique de l’économie populaire de la production musicale informelle dans la région de Venda en Afrique du Sud. Il s'intéresse aux activités qui entourent le studio d'enregistrement Burnin’ Shak, spécialisé dans la musique reggae. Les musiciens et les producteurs du Burnin’ Shak, qui ont recours à des ordinateurs d'occasion, logiciels piratés, instruments empruntés, réseaux de confiance et cycles de dette, occupent une position distinctement périphérique au sein de l'industrie de la musique en Afrique du Sud. Contrairement aux artistes qui évoluent dans la sphère formelle de la production musicale et s'engagent par contrat auprès de labels spécifiques, les musiciens du secteur informel recherchent des sponsors (généralement de jeunes entrepreneurs locaux) pour financer leurs enregistrements réalisés avec des producteurs locaux. L'artiste et son sponsor, qui développent souvent une relation patron-client, assurent entièrement la commercialisation et la distribution. Pourtant, et alors que l'activité entrepreneuriale des artistes leur vaut de passer souvent sur les ondes des radios locales et leur rapporte le capital culturel associé, les avantages financiers sont maigres. Pour convertir leur capital culturel en argent, les musiciens du secteur informel entrent en concurrence sur le marché pour passer dans les spectacles parrainés par l’État. Ces spectacles sont financés par des offres lucratives, mais constituent pour les musiciens une arme à double tranchant. Pour décrocher un contrat auprès des adjudicateurs ou entretenir l'espoir de donner régulièrement des spectacles rémunérés, les musiciens doivent dépouiller leurs spectacles de toute expression de sentiment politique critique. Cette exigence d'autocensure affecte particulièrement les musiciens reggae dont le genre musical est réputé pour le commentaire social critique. La production musicale informelle ne laisse donc que peu de liberté artistique aux musiciens de l’ère post-apartheid. Et alors même que les produits de cette industrie culturelle peuvent sembler appartenir à une économie « secondaire », à l’écart des sphères de la production formalisée et du contrôle, ils sont en fait régulés et normalisés par le processus d'adjudication par appel d'offres.
CITATION: McNeill, Fraser G.. Making music, making money: informal musical production and performance in Venda, South Africa . : Cambridge University Press , 2012. Africa: Journal of the International African Institute, Vol. 82, No. 1, 2012, pp. 93-110 - Available at: https://library.au.int/making-music-making-money-informal-musical-production-and-performance-venda-south-africa-3