De la naissance au mariage chez les peuls de Mauritanie

Dès les premières pages du livre de Bios Diallo, je compris qu'il ne fallait pas encombrer le plaisir que j'y éprouvais en tentant de déterminer à quel genre ressortissait cette œuvre. Qu'importe qu'il s'agisse d'un essai, d'une monographie à vocation anthropologique ou d'une évocation poétique et picaresque du monde peul, de sa culture, de sa langue! Ces formes ne sont pas signifiantes dans l'univers culturel que décrit Bios. Ce qui importe, pour moi qui suis Peul, c'est d'une part la richesse de la culture ainsi rappelée à mon souvenir, sa puissance, sa cohérence, et aussi, hélas, sa dramatique disparition en cours, là sous mes yeux, dans l'intervalle des trois générations qui séparent mes parents de mes enfants. De la naissance au mariage chez les Peuls de Mauritanie est une œuvre qui, pour les générations Ouest-africaines contemporaines, porte un peu la même charge émotionnelle, la même puissance poétique que convoyait il y a cinquante ans le Cahier d'un retour au pays natal d'Aimé Césaire. Bios Diallo appartient à une génération encore nourrie de culture traditionnelle mais qui a commencé à prendre ses distances avec elle. Ma préface a donc pour repos principal de remercier l'auteur de la joie qu'il va procurer à tous les Peuls qui le liront, et d'exhorter les nouvelles générations à ne pas disqualifier les voies du passé, faute d'en avoir une connaissance suffisante, au risque de jeter aux orties un viatique sans équivalent pour leur conquête du monde nouveau qui arrive à eux à la vitesse des nouvelles technologies de l'information et de la communication.