Le syndrome pakistanais, ou la quête souvent irréaliste d’une coûteuse parité
Le syndrome pakistanais, ou la quête souvent irréaliste d’une coûteuse parité
Le Pakistan trouve son origine dans la quête de pouvoir d’une élite issue de l’aristocratie musulmane de l’Inde du Nord qui revendiqua après 1857 un statut paritaire avec la majorité hindoue. L’école d’Aligarh de Sir Syed a façonné une culture politique fondée à la fois sur un sentiment de vulnérabilité et un complexe de supériorité vis-à-vis des hindous, justifiant ce statut d’exception (dont un électorat séparé) par l’importance historique des musulmans de l’Inde. Ce répertoire se cristallise avec la théorie des deux nations de Jinnah qui débouchera sur la partition de 1947. Il est recyclé ensuite au plan national à travers le One Unit Scheme de 1955, un des ressorts du séparatisme bangladeshi. Depuis 1947, le Pakistan cherche toutefois surtout à rivaliser avec l’Inde en s’armant à prix d’or, en se donnant une profondeur stratégique en Afghanistan, en « saignant l’Inde » au Cachemire quitte à pactiser avec des groupes islamistes et en se dotant de l’arme atomique. Outre que cette démarche est coûteuse, elle aura été à l’origine de deux partitions et aura favorisé l’essor de mouvements islamistes susceptibles de se retourner contre l’État.
CITATION: Jaffrelot, Christophe. Le syndrome pakistanais, ou la quête souvent irréaliste d’une coûteuse parité . : Elsevier , 2010. Hérodote: revue de géographie et de géopolitique, No.139, 2010, pp. 51-68 - Available at: https://library.au.int/frle-syndrome-pakistanais-ou-la-quête-souvent-irréaliste-d’une-coûteuse-parité-2