Le Système Régional Africain de Protection des Droits de l'Homme

Dans l'ouvrage que j'ai le plaisir de préfacer, M. Mubiala présente une étude des mécanismes africains de protection des droits de l'homme et s'efforce, chemin faisant, de dégager le contenu du régionalisme africain dans ce domaine. Sa présentation a également le mérite de mettre l'accent sur la dynamise de ce système international des droits de l'homme dans le cadre de l'ONU. Sur le premier aspect, l'auteur présente un panorama des instruments régionaux africains dans le cadre contextuel de leur élaboration. L'analyse de leur contenu lui permet ainsi de les sérier en deux générations, qu'il préfère appeler des "saisons". Les mécanismes de la première "saison", élaborés tous durant la phase comprise entre le début des indépendances et la fin de la guerre froide, reflètent la priorité du continent africain à cette époque, à savoir le parachèvement de la libération du continent. Il s'agit, essentiellement, de la Convention de l'OUA de 1969 sur les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique, de la Convention de l'OUA de 1977 sur l'élimination du mercenariat en Afrique et de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981. Ces instruments, pensés et élaborés en toute conformité avec la Charte constitutive de l'OUA de 1963, ont pour objectif principal de contribuer à la réalisation effective des droits des peuples, au premier rang desquels le droit des peuples africains à disposer d'eux-mêmes, comme condition essentielle de la promotion et de la protection des droits de l'homme en Afrique. Ceci explique, à côté de la consécration des droits et libertés individuels, l'accent mis notamment sur les droits collectifs et sur les devoirs de l'individu envers le groupe et l'Etat, ainsi que sur les devoirs de la communauté internationale. Comme le démontre l'auteur à travers l'analyse du droit des peuples, cette conception, quoique logique et justifiée dans le contexte de l'époque, fut souvent détournée de sa philosophie communautaire par des régimes politiques autoritaires, plus soucieux de museler les peuples dont ils prétendent être les représentants que de promouvoir l'avènement.