Afrique, faux débats et vrais défis

A propos de l'Afrique et des Africains, la présomption d'innocence côtoie souvent la condamnation sans jugement. Nostalgiques du paradis perdu et adeptes du catastrophisme se donnent le mot pour dresser un kaléidoscope d'images brouillées. Après des décennies de mal-développement, des élites dirigeantes prises au piège des idées reçues se soumettent de plus en plus à un chapelet de conditionnalités définies et imposées par des chantres de la globalisation qui fondent désormais leur rapport avec les pays pauvres sur une uniformisation ne tolérant aucune dissidence. Démocratie, bonne gouvernance, liberté d'expression, protection des droits humains, défense de l'environnement, libéralisation économique, lutte contre la pauvreté sont autant de prescriptions à respecter à la lettre pour sortir de l'ornière. A l'heure des comptes, cette " Feuille de route du développement " n'a pas encore produit les effets escomptés. A preuve : les " bons élèves " africains de la démocratie figurent toujours parmi les pays les plus pauvres dans un monde où l'économie reste le moteur de la richesse des nations. Au moment où la démocratisation et la libéralisation font partout recette, une évidence s'impose : seules la création et la redistribution des richesses dans la perspective d'un bonheur partagé peuvent inscrire durablement les sociétés africaines dans la modernité et tordre le cou à l'afro-pessimisme ambiant. Le moment semble donc venu de substituer aux querelles stériles les questions urgentes permettant de mieux relever les défis actuels.