Déplacés et réfugiés au Cameroun: profils, itinéraires et expériences à partir des crises nigériane et centrafricaine

Au Cameroun, les victimes de la violence de Boko Haram au Nigeria et celles de la crise centrafricaine tombent sous le coup de stigmatisations plus ou moins justifiées de la part des populations d'accueil et du gouvernement, au grand mépris des textes internationaux qui organisent la protection et l'assistance à apporter aux personnes en détresse. La manne humanitaire, prévue pour venir en aide aux victimes, démobilise les bénéficiaires, frustre les populations hôtes et exacerbe les antagonismes entre les migrants forcés et les populations d'accueil qui revendiquent un droit d'accès aux dividendes nés de la crise. La crise migratoire n'affecte pas seulement les déplacés et les réfugiés, elle met en déséquilibre la société entière. Cela crée un climat d'opportunisme qui se traduit par une ruée vers les camps. Le fait de mettre exclusivement le primat sur la situation des migrants en ignorant celle des populations hôtes offre une vue incomplète de la réalité. Prévus pour l'accueil de cette catégorie sociale démunie, les camps sont massivement désertés. Les victimes sont plus nombreuses à s'établir en dehors des camps où elles peuvent se mouvoir à volonté et se prendre en charge. Le confinement imposé aux réfugiés Mbororo en est une illustration et appelle à d'autres méthodes tenant compte des spécificités locales.