Idéologie et renaissance nationale: l'Egypte moderne

D'un bout à l'autre des Trois Continents, le processus nationalitaire déploie son éventail déroutant. Contre la dépendance, la décadence, l'acculturation, la modernisation, le "développement", la lutte pour l'Etat national indépendant, et sa radicalisation, est une lutte pour la reconquête de l'identité - celle de la terre profonde rendue à son peuple. Seule la position historique-concrète du problème théorique permet d'élaborer une dialectique du spécifique et de l'universel, de rendre compte de la percée et des cassures, d'entendre le mouvement du monde, et d'y participer. Trois paliers: la structure de classe; la réalité nationale; le cadre de culture et de civilisation. L'analyse, partie de la méthodologie marxiste révèle l'importance de la surdétermination par les facteurs superstructures - Etat et idéologies implicites et explicites - dans l'interprétation des renaissances nationales. Celles-ci, faute d'une philosophie de la culture nationale - dont le noyau est l'image de l'homme à refaçonner - ne peuvent susciter la praxis révolutionnaire, seule capable d'ouvrir la voie et d'assurer l'avenir. L'Egypte au cours de la première étape de sa renaissance nationale - de Mohammad-Ali à l'occupation - fournit le terrain d'une étude de cas privilégiée. Une profondeur exceptionnelle du champ historique; une cohésion sociologique, une symbiose, qui durcit la percée de l'économique et du politique mais paralyse la dialectique idéelle. En 1840, l'Egypte domine l'Orient et rivalise avec l'Europe. Cette irruption fulgurante et sa fêlure, éclairent notre temps. Et l'apport théorique souhaite contribuer à la restructuration de l'appareil conceptuel occident-centriste des sciences sociales.