Karachi, « mère des immigrés » : business, violence et politique identitaire
Karachi, « mère des immigrés » : business, violence et politique identitaire
Karachi est aujourd’hui une mégapole de près de 18 millions d’habitants. Elle a connu une véritable explosion démographique après la partition de 1947, lorsque des millions de musulmans du nord de l’Inde sont venus s’établir dans la cité qui était alors la capitale du jeune État. En tant que mégapole, Karachi demeure la capitale économique et financière du Pakistan, mais également la capitale de la criminalité. Plus que jamais, politique et criminalité sont étroitement imbriquées et il est prouvé que des partis politiques ayant pignon sur rue recourent au service de gangs pour alimenter leurs caisses. Au cours de la dernière décennie, c’est pourtant le rôle des talibans qui a retenu l’attention des observateurs. Les talibans afghans sont certes actifs à Karachi, mais ils y sont surtout pour collecter de l’argent à travers des activités criminelles : ils ne cherchent pas à « talibaniser » la ville. Restent les millions d’habitants de Karachi qui gèrent le quotidien dans une ville qui demeure très dangereuse. Pour certains, certes minoritaires, la sortie d’un quotidien misérable passe par l’adhésion à une idéologie, politique ou religieuse, dans laquelle la violence reste l’expression la plus signifiante. On notera que ce cheminement se produit dans des contextes où les individus sont en rupture avec de fortes valeurs patriarcales. La gestion du quotidien en milieu féminin repose en revanche sur de multiples microstratégies de voisinage qui réussissent à maintenir des relations pacifiques entre ethnies et sectes pourtant diverses.
CITATION: Boivin, Michel. Karachi, « mère des immigrés » : business, violence et politique identitaire . : Elsevier , 2011. Hérodote: revue de géographie et de géopolitique, No.139, 2011, pp. 123-142 - Available at: https://library.au.int/karachi-«-mère-des-immigrés-»-business-violence-et-politique-identitaire-2