La sécurité des états et la sécurité du monde

Il y longtemps déjà - exactement depuis la clôture de la Conférence de San-Francisco - que j'exhorte M. Chaumont à publier un commentaire juridique de la Charte des Nations Unies. Après les publications faites aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, il me semblait très souhaitable qu'un tel commentaire partout en France et nul mieux que M. Chaumont n'était qualifié pour l'écrire et pour apporter au public intéressé à ces problèmes le bénéfice d'une expérience acquise de première main, sur les lieux mêmes, où, en qualité de Conseiller juridique des délégations françaises, il participa à la genèse et au développement des textes dont l'ensemble un peu lourd (III articles contre 25 dans l'ancien Pacte de la S.D.N.) constitue le corps du nouveau droit public international. La Conférence de San-Francisco, où, comme le sait le lecteur, la Charte fut élaborée, abordait sa tâche avec un bagage en trois parties : le projet établi par les trois Grands et la Chine à Dumbarton Oaks, les compléments que les Trois y avaient ajoutés à Yalta, et une multitude d'amendements, quelques-uns révolutionnaires, présentés par les Puissances qui n'avaient pas pris part à ces réunions. Les Etats invitants, désireux de s'assurer que l'édifice dont ils avaient assez laborieusement mis sur pied, la charpente ne succomberait pas sous cet amoncellement d'amendements, sentirent la nécessité d'une direction commune, et la France, bien qu'ayant ........