L'Afrique Politique 1997: Revendications populaires et recompositions politiques

1996 : l'Afrique fait régulièrement la une : crises, conflits, le chœur populaire gronde : des dictateurs en fin de course sont éjectés, des jeux d'alliances inédits apparaissent. Mais parfois aussi, les revendications populaires, aphones, finissent par s'épuiser. Ainsi, à Madagascar, la recomposition politique, entamée depuis plusieurs années, reste sourde aux demandes de la population. En Afrique australe, dans le courant de la pacification et de la redéfinition des échanges, le Mozambique semble délaisser les symboles de la lutte de libération pour se tourner résolument vers le futur. Dans la région des (Grands Lacs, en revanche, les prévisions catastrophiques de l'an passé se concrétisent et s'amplifient avec la crise zaïroise, même si, comme au Burundi, quelques structures continuent paradoxalement à fonctionner dans le chaos. Plus à l'est, la Corne redéfinit les paramètres de sortie de guerre civile ; Djibouti balance, sur un terrain ethnique miné et une succession présidentielle programmée, entre dépendance française et dépendance arabe. Le gouvernement éthiopien, élu en 1995, joue la carte de la décentralisation au risque de ne pouvoir satisfaire certaines velléités identitaires. Au Soudan enfin, la montée du religieux, amorcée par Turabi en 1964, atteint son apogée. Le Sahel offre un paysage politique plus contrasté : le vote utile aux élections tchadiennes, résulte d'un pragmatisme nouveau tandis que la solution militaire énergique au Niger s'émousse rapidement sur une situation économique et sociale rebelle. Le Mali, avec une certaine culture politique démocratique, maintient sa bonne réputation alors que la Guinée-Bissau s'apprête à rejoindre la zone franc. Au Ghana, le gouvernement Rawlings est mis au défi de redresser la situation ; au Togo, le politique se délite et l'opposition s'entre-déchire. La démocratie, comme au Gabon, reste en coulisses. Au Congo enfin, tout comme dans la plupart des pays étudiés, la conditionnalité de l'aide internationale conduit, dans un contexte fragilisé, à une fragmentation opportuniste du politique et à une redéfinition du corps social selon des critères ethniques. La tenue prochaine d'élections ne laisse présager aucune amélioration. Le peuple a trop attendu, trop loin du politique.