Les combattants du petit bonheur

Gobelins 38-44. Composez ce numéro sur votre cadran et vous reconnaitrez aussitôt la voix d'Alphonse Boudard racontant une histoire banale et superbe : comment un jeune garçon apprend le goût de l'indépendance, et le courage que cette passion réclame entre les années 1938 et 1944. Comment ? Rien n'est plus simple : par l'usage, qui ne s'apprend pas, de l'ironie. Des romanciers naturalistes, épiques ou photographes nous donneraient un tout autre récit de ces années noires où Paris manquait de tout sauf de soldats allemands. Rois de la débrouille, ces combattants du petit bonheur, Phonphonse, Musique, Neunoeil, Milo, nouveaux Pieds-Nickelés, traversent ce temps monotone et cruel armés de cet esprit de drôlerie qui en fera des héros malgré eux. Voici le vol de la bicyclette d'un feldgendarme, larcin bien encombrant. Voici de méchantes explications nocturnes dans la rue, avec des copains passés de l'autre côté. Voici aussi le coup de projecteur inattendu sur l'enfance abandonnée du petit garçon, confié pendant trois ans à des fermiers du Loiret ;plus tard la silhouette merveilleuse de la grand-mère à qui il voue une fière gratitude. Voici les roueries du marché noir, les grandes vacances au maquis et la libération de Paris vécue rue Saint-André-des-Arts et place Saint-Michel, et racontées en évitant d'enfler le ton.