Les Sofas, suivi de L'Oeil

Après Bernard Dadie et Gaston Demand Goh, Bernard Zadi Zaourou vient tout naturellement s'inscrire et d'une manière très originale parmi les auteurs dramatiques de Côte d'Ivoire. Bernard Dadie avait choisi la satire sociale, Gaston Demand Goh le drame traditionnel, Bernard Zadi, lui, choisit l'histoire. Et quelle histoire! Celle des Sofas, guerriers redoutables et redoutes, de l'empereur Samory Toure. Mais à travers eux, s'est surtout l'image de leur chef, de cet empereur du Wassalu que l'auteur a tenté de redécouvrir, celle du prince Karamoko son fils, de Mory Fin'Djan, D'Archinard, un moment de la grande histoire du peuple Mandingue. C'était presque une gageure que de s'attaquer à de tels personnages. Outre un travail d'historien extrêmement précis, Bernard Zadi Zaourou y apporte une vision très personnelle. Ce n'est pas une reconstitution historique. C'est une approche plus intuitive, un élément de réflexion. Il est encore trop tôt pour conclure. Quatre-vingt petites années seulement nous séparent de Samory et de son temps. L'histoire est en marche. Chaque jour s'érigent des socles et s'abritent des statues. Si la pièce accuse, chaque accusation porte en soi sa défense et chaque défense entraine sa propre accusation. C'est qu'elle porte en elle d'inquiétude qui la rend contemporaine.