No African Futures without the Liberation of Women: A Decolonial Feminist Perspective
No African Futures without the Liberation of Women: A Decolonial Feminist Perspective
La colonialité du genre traite de la lancinante question de la libération de la femme des différentes formes d’oppression. Le système du monde « moderne » et son ordre mondial sont restés fondamentalement patriarcaux. Cela implique que toute initiative visant la création d’un futur africain devra régler la question fondamentale de la libération de la femme. La libération de la femme ne prend pas en compte l’incorporation de la femme dans le système patriarcal. La première étape, comme le disait Thomas Sankara dans son discours de 1987, consiste à comprendre comment le système patriarcal fonctionne, pour appréhender sa véritable nature dans toute sa subtilité, afin de mettre au point une ligne d’action qui conduirait à la véritable émancipation de la femme. Décoloniser le genre devient donc une tâche essentielle devant permettre que les réponses à la question relative aux mesures à prendre soient formulées dans l’optique de poser des questions correctes. Décoloniser le genre c’est promulguer une critique de l’oppression sexiste hétérosexualiste, racialisée, coloniale et capitaliste en tant que transformation vécue du social (Lugones 2010). Ainsi, décoloniser le genre place le chercheur au coeur de la population suivant une interprétation subjective/intersubjective historique et variée de la relation oppression-résistance à la croisée de systèmes complexes d’oppression. Dans une large mesure, il doit être en accord avec les subjectivités et les intersubjectivités qui construisent et sont en partie occasionnées par la situation. Cet article déploie, entre autres, les idées féministes anticoloniales de Thomas Sankara, afin d’étendre les frontières de la lutte pour la libération de la femme comme étant un élément constitutif des initiatives en faveur de la création d’un avenir africain. Son argument de fond est que la lutte pour la libération de la femme ne doit pas être réduite aux efforts d’incorporation de la femme dans le/les systèmes patriarcaux, coloniaux et impériaux modernes que les femmes rejettent. Faisant appel au cadre théorique de Maria Lugones, l’on devrait être en mesure de comprendre que l’instrumentalité du système de genre colonial/moderne est en train d’assujettir les hommes et les femmes de couleur dans tous les domaines de la vie. Par conséquent, il nous révèle que le discours sur la transformation sociale n’est pas seulement axé sur l’émancipation de la femme mais plutôt sur les efforts conjoints à la fois des hommes et des femmes à surmonter la structure coloniale globale qui est subjectivante de différentes manières. Le changement de système et ses structures, qui sont essentiellement patriarcales est le principal mécanisme qui entrainera un avenir juste pour la femme Africaine, comme l’ont démontré dans l’article les études de cas au Rwanda et en Afrique du Sud.
CITATION: Nkenkana, Akhona. No African Futures without the Liberation of Women: A Decolonial Feminist Perspective . : CODESRIA , 2015. Africa Development, Vol. XL, No. 3, 2015, pp. 41-57 - Available at: https://library.au.int/no-african-futures-without-liberation-women-decolonial-feminist-perspective-1