Boko Haram : Un Cas D'école de L'échec De L'islam Politique au Nigeria

Cet article analyse quelques-unes des raisons pour lesquelles Boko Haram s'est avéré incapable de gouverner les territoires qu'il a pu contrôler avant son allégeance à l'État islamique et son retrait dans les marécages du lac Tchad en 2015. L'échec politique du groupe ne tient pas seulement à sa fragmentation, sa criminalisation, son manque de cadres qualifiés et la pauvreté d'une insurrection "low cost." En effet, le caractère prédateur de la secte est tout à la fois une cause et un symptôme de sa désorganisation et de son incapacité à gouverner. Se réclamant de la légitimité du djihad d'Ousmane dan Fodio à Sokoto, le mouvement n'a jamais cherché à ressusciter l'Empire du Borno pour lever l'impôt et rendre une justice très rudimentaire. Ainsi, le cas de Boko Haram témoigne à sa manière de l'échec de l'islam politique et des tentatives d'extension du domaine d'application de la charia au Nigeria depuis la fin de la dictature militaire en 1999.