East Africa's Gorée: slave trade and slave tourism in Bagamoyo, Tanzania

Il serait difficile pour un touriste qui visiterait aujourd'hui Bagamoyo, en Tanzanie, de ne pas en repartir avec l'impression que ce port maritime idyllique était jadis le centre du commerce des esclaves est-africain. Dans toute la ville, musées locaux, panneaux interprétatifs et guides touristiques amateurs affirment que des dizaines de milliers d'Africains réduits en esclavage étaient amenés à Bagamoyo tous les ans avant d'être expédiés de l'autre côté de l'océan Indien. En 2006, le gouvernement tanzanien a demandé à l'UNESCO de reconnaître Bagamayo comme le point de sortie de la Route centrale du commerce des esclaves et de l'ivoire, qui s'étendait vers l'ouest jusqu'au lac Victoria. Cet article enquête sur cette demande en comparant aux données contenues dans les archives les affirmations faites en vue de prouver la réputation de Bagamayo comme un entrepôt d'esclaves majeur. À l'image des arguments présentés par Phil Curtin en 1995 sur H-Net concernant la mémorialisation de l'île ouest-africaine de Gorée, je démontre que les esclaves africains ne représentaient pas une part considérable des exportations locales et que les nombres ont été largement exagérés; c'est plutôt le commerce de l'ivoire qui a fait la réputation de Bagamoyo. Cet article traite aussi des implications de cette étude de cas pour le débat controversé entre le tourisme et le contexte historique; entre la représentation symbolique et l'intégrité des théoriciens.