Le Sénégal: enquête d'une croissance durable

Au lendemain de son accession à la souveraineté internationale, en 1960, le Sénégal a hérité de l'ancienne Afrique-Occidentale France (AOF) des infrastructures et un niveau d'industrialisation lui assurant des conditions de départ meilleures que celles de la plupart des anciennes colonies d'Afrique et d'Asie. Le pays a joui, au plan, interne, d'une relative stabilité politique et n'a pas eu de conflits armés avec ses voisins. Cependant, ces conditions propices au développement n'ont pas été suivies de performances économiques satisfaisantes. La question qui se pose est de savoir pourquoi le Sénégal n'a pas su tirer profit de ces atouts. De 1960 à 1980, le taux de croissance annuel moyen du PIB par tête a été de - 0,3%. Il a ensuite baissé à - 0,8% entre 1981 et 1994. Cependant, ces contre performances ne devraient pas faire croire qu'il y aurait une "malédiction sénégalaise". Dans les années 1960, peu d'observateurs avaient prédit un avenir brillant aux pays d'Asie du Sud-Est. La dévaluation du franc CFA de janvier 1994 a permis la relance de la croissance qui, pour la première fois depuis l'indépendance, s'est maintenue pendant sept années consécutives. Mais les résultats restent encore insuffisants. Non seulement la reprise s'avère trop faible pour permettre une réduction de la pauvreté, mais la déstructuration de l'appareil productif et la longue baisse du revenu per capita, qui ont précédé la relance de l'économie, ont profondément atteint les rouages économiques. Aucun pays n'a encore réussi à combattre durablement la pauvreté, ou même à prévenir son extension, sans une croissance "rapide" de son PIB. Celle-ci est définie comme un taux d'accroissement du PIB réel supérieur d'au moins 3 points de pourcentage au taux de croissance démographique. Dans la mesure où la population du Sénégal croît au rythme de 2,7% par an, une croissance rapide de l'économie signifie un accroissement annuel du PIB de 5,7% ou plus. A son taux Actuel de croissance (3% par an), le PIB par tête devrait mettre vingt-trois années, soit une génération environ, pour doubler.