Les temps du vote Front national et de ses représentations
Les temps du vote Front national et de ses représentations
Il s’agit de montrer que, si l’« insécurisation » est un facteur d’explication du vote FN dans les milieux populaires, ce phénomène n’est pas récent et doit être envisagé sur un temps plus long. En 1984, la percée électorale du FN avait déjà été précédée d’une forte hausse de l’insécurité. Or, dans les analyses du vote FN, cette question a été délaissée ou réduite à l’évocation d’un fantasme sans lien avec la hausse des délits. Ce type de représentation a eu une influence durable sur la gauche et contribué au maintien d’un déficit politique face au FN au moins jusqu’en 1997. Il faut considérer aussi les différents temps de l’offre frontiste. Dans les années 1990, la fidélisation de l’électorat s’opère avec le maintien du vote FN au second tour des élections territoriales, ce qui permet au FN d’exercer son « pouvoir de nuisance » aux dépens de la droite. Puis, la scission Mégret-Le Pen a eu des effets durables : de 1999 à 2009, le vote FN a régressé à tous les types de scrutin (sauf en avril 2002) et son « pouvoir de nuisance » disparaît. De nombreux électeurs du FN ont rejoint les « abstentionnistes intermittents », un électorat que Marine Le Pen, à l’instar de la droite et de la gauche, devra convaincre en 2012.
CITATION: Alidières, Bernard. Les temps du vote Front national et de ses représentations . : Elsevier , 2012. Hérodote: Revue de géographie et de géopolitique, No.144, 1er trimestre 2012, pp. 18-37 - Available at: https://library.au.int/les-temps-du-vote-front-national-et-de-ses-représentations-2