'More than a million': the politics of accounting for the dead of the Rwandan genocide

Établir le bilan des victimes après une catastrophe humanitaire pose souvent des problèmes méthodologiques et/ou politiques. Le génocide contre les Tutsi au Rwanda en est un des exemples les plus parlants. Une commission d'experts des Nations Unies avait estimé qu'entre avril et juillet 1994, au moins 500 000 civils avaient été assassinés. Le nouveau gouvernement rwandais, de son côté, a rapidement fait comprendre que l'aide étrangère pour des enquêtes démographiques et médico-légales n'était ni appréciée ni nécessaire, et a procédé à ses propres décomptes. Le présent article examine ces décomptes de manière critique ; les compare aux efforts en Bosnie-Herzégovine pour établir le bilan humain de la guerre des années 1990 ; confronte les bilans officiels rwandais avec les estimations de chercheurs ; propose une méthode de calcul alternative ; et conclut que le bilan officiel double à peu près le bilan du génocide. L'article peut être lu comme une contribution à la réflexion sur la façon dont l'histoire est écrite dans le nouveau Rwanda.