Regulation, taxation and violence: the state, quasi-state governance and cross-border dynamics in the Great Lakes Region

[Régulation, taxation et violence : L’État, la gouvernance quasi-étatique et les dynamiques transfrontalières dans la Région des Grands Lacs. Les conflits qui ont marqué la Région des Grands Lacs ces 20 dernières années sont à la fois nationaux et régionaux et ont connu des causes et effets transfrontaliers. Comme ailleurs en Afrique et de par le monde, les frontières unissent autant qu'elles séparent. La faiblesse de l’État dans la République démocratique du Congo et la porosité des frontières permettent à des groupes armés non-étatiques, des armées de pays voisins et des entrepreneurs de l'insécurité privés d'opérer librement sur le territoire congolais. Puisque la plupart des analyses privilégient les structures et les pratiques de contrôle économique au macro-niveau, elles ne peuvent tenir compte de processus dynamiques de renégociation d'espaces politiques, sociaux et économiques locaux. Cet article tente de regrouper des données et analyses au micro-niveau réalisées par d'autres chercheurs et par des experts de l'Organisation des Nations Unies qui étaient jusqu'ici éparpillées. Cinq thèmes sont abordés : les activités de régulation, y compris la taxation ; le chevauchement des sphères publiques et privées ; la recherche du contrôle ; la nature transnationale des activités et la profonde intégration régionale qui en découle ; et la façon dont des groupes non-étatiques opèrent pour le compte d’États. En plus de permettre de revisiter le débat « greed v. grievance », les cas présentés ici contestent une récente tendance dans la recherche qui voit des activités criminelles et des formes de « gouvernance hybride » comme des processus potentiels de formation de l’État.