Savoirs paysans et développement
Savoirs paysans et développement
Les paysans et leurs savoirs, tel est l’objet de ce livre. Mais les mots ne doivent pas nous leurrer. Au lieu de savoirs paysans nous pourrions tout aussi bien parler de savoirs locaux (local knowledge ou indigenous knowledge). Toute conception unitaire du monde paysan ne saurait être qu’une construction idéologique (C. VEUVY, 1986, 166). Le terme paysan, en effet, recouvre une extrême diversité de situations, culturelles, sociales, nationales et historique comme le montrent les cas présentes dans ce livre. Et l’on aurait beau jeu d’ergoter et de faire remarquer, par exemple, que les colons de la Transamazonienne que Philippe Hamelin décrit si prompts à réagir aux sollicitations du marche n’ont pas grand chose en commun avec les paysans andins dont traitent Maria Angelica Salas, Leticia Delgado et Hermann Tillmann. Ce qu’ils ont en commun, les paysans l’ont montre, au debout décembre 1990, à l’ouverture de la session du GATT. Dans leur diversité, ces paysans affirmèrent leur solidarité face à la domination du marche mondial et aux impératifs productivistes des modèles de développement qui leur sont imposes. Le développement, cet autre mot-piège dont la charge idéologique est si lourde (P.COUTY, G. PONTIE et C. ROBINEA, 1983 ; C BLANC-PAMARD et al., 1984) oblige à opter pour une définition opératoire minimale. Celle de P. BOIRAL et J-P. OLIVER de SARDAN paraît tout à fait convenir. Par développement rural, on entendra « l’ensemble des opérations volontaristes de transformation des sociétés rurales, opérées à l’initiative d’institutions extérieures à celles-ci » (1985).
CITATION: Dupré, Georges. Savoirs paysans et développement . Paris : Karthala , 1991. - Available at: https://library.au.int/savoirs-paysans-et-développement-1